Ezra venait de passer l’été à travailler sur la préparation de ses cours, il avait été pris au lycée le plus cher de Rosewood et ses alentours. En fait, il avait passé tellement de temps à tout préparer, qu’il n’avait pas encore vraiment emménagé dans son nouvel appartement à Old Hollis. Pour être honnête, la bonne moitié de ses livres trônait dans un beau carton, lui-même planté sur un canapé bleu ardoise, lui-même se sentant un peu seul en tant que meuble du salon, n’ayant finalement pour seule compagnie une étagère boisé collé au mur, voisinant la petite fenêtre qui constituait la seule source de lumière naturelle de l’appartement. Faudrait que j’fasse un effort un jour, pensait Ezra à chaque fois qu’il jetait un ultime coup d’œil en sortant de sa garçonnière.
Sa formation de prof d’anglais avait touché à sa fin l’année précédente, et après avoir passé un mois à voyager un peu en Europe, le jeune homme était enfin vraiment décidé à travailler. La littérature le passionnait, et il en fit par conséquent sa matière. Les cours reprenaient dans moins d’une semaine, et il venait à peine de terminer son programme. Il était vêtu d'un pull malachite foncé, et un jean grisâtre qu'il gardait sans savoir vraiment pourquoi depuis plus de cinq ans. Ses cheveux n'étaient pas vraiment coiffés, mais ne semblaient pas non plus avoir été victime d'un attentat terroriste, ils étaient disons suffisamment ordonnés, avec quelques boucles qui lui tombaient négligemment sur le haut du front, mais le reste lui paraissait à peu près correct. Autant profité de mes derniers moments de liberté, se dit le futur professeur en redoutant déjà les piles de copies à corriger. Sur ces pensées pleines de bons sens, il prit son manteau, et se rendit au Snookers, un bar près d’Hollis, pas très chic, mais qui servait du scotch, l’alcool préférer d’Ezra, et puis, c’était surtout le bar le plus proche.
Dès qu’il entra, il eut comme un regret, l’odeur, mélange de transpirations, nourriture de fast-food et même de mort lui semblait-il, avait tout pour repousser n’importe qui. Se remémorant quelques bons souvenirs d’Europe, dont des parfums un peu moins agressifs, Ezra prit son courage à deux mains, et alla s’asseoir sur un tabouret, seul, face au barman.
"Un scotch" demanda-t-il avec un faux sourire.